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06/04/2008

Anjouan.

Les récents événements de Mayotte et d’Anjouan, dans l’Océan indien, à proximité de La Réunion, laissent un goût amer à celui qui a un peu de mémoire et montre le gâchis de certaines idéologies, y compris celle de la « décolonisation » quand elle se confond avec un « principe des nationalités » absolu et insoucieux des réalités historiques et politiques, voire sentimentales.

 

Anjouan, territoire français depuis le XIXe siècle, a choisi officiellement l’indépendance par référendum au milieu des années 70, au moment où M. Giscard d’Estaing voulait « finir la décolonisation » pour obtenir les bonnes grâces des pays du Tiers-monde et celles, électoralement plus proches, des intellectuels germanopratins… Or cette indépendance n’a pas été un succès, loin de là, puisque la République des Comores (comptant trois îles : la Grande Comore, Anjouan et Mohéli) a favorisé la Grande Comore et négligé Anjouan et, surtout, a vécu au rythme des coups d’Etat « à l’africaine » et de dictateurs successifs, ce qui a empêché tout développement économique de l’archipel. Au même moment, Mayotte, dans ce même archipel mais restée volontairement française (par référendum), en grande partie grâce à l’aide des … Camelots du Roi de Nice et de Pierre Pujo, directeur de « L’Action Française » (alors nommée « Aspects de la France »), connaissait une certaine prospérité qui lui vaut jalousie de tous ses voisins et entraîne une forte immigration venue des autres îles « comoriennes ».

 

Or, en l’été 1997, Anjouan a fait sécession des Comores et a demandé son retour dans le giron français : le drapeau tricolore était brandi dans toutes les manifestations sur cette île, à la grande surprise des journalistes français et malgré la colère de « l’Union africaine » soutenant le pouvoir central comorien qui, d’ailleurs, demandait encore à l’époque le rattachement de Mayotte à leur République instable, y compris contre le gré des Mahorais (habitants de Mayotte). Mais la France, qui se veut officiellement accueillante à tous, a refusé la « francisation étatique » de l’île d’Anjouan, gênée par cette inédite revendication, si peu dans le « sens de l’Histoire »…

 

Encore une occasion gâchée ! Mais qui a le plus à s’en plaindre aujourd’hui, si ne ce ne sont les Anjouanais eux-mêmes livrés à l’anarchie et à la misère, puis à la dictature et à l’invasion, qui poussent tant de ceux-ci à s’embarquer clandestinement vers la « terre promise », c’est-à-dire Mayotte-la-française ?

 

Je n’ai pas honte d’être français, loin de là, mais j’ai bien plutôt honte de cette République qui affirme de grands principes et se comporte indignement, au risque de tâcher l’honneur de notre pays. « Grands principes, mais petite vertu », quelle maudite République !

 

03/04/2008

Armée et diplomatie françaises : la misère ?

L’annonce présidentielle de l’envoi de 1.000 soldats français supplémentaires en Afghanistan et le débat (sans vote) ce mardi à l’Assemblée nationale provoquent de vifs débats, certains craignant un « nouveau Vietnam » et d’autres dénonçant un simple « alignement » sur les Etats-Unis, tandis que les partisans de M. Sarkozy y voient le meilleur moyen « d’assécher » le terrorisme islamiste. Il me semble que les uns et les autres ont des raisons valables qui méritent étude et réflexion mais qu’il faut poser d’autres questions, en particulier celles sur l’état de l’armée française et sur les orientations diplomatiques de notre pays.

 

Ce mardi matin, sur la radio RMC, une femme de soldat dont le mari est actuellement sur le terrain évoquait la « grande misère » de l’armée française, racontant comment, avant de partir pour l’Afghanistan, celui-ci avait acheté casque et gilet pare-balles sur… ebay, le site d’enchères sur la Toile ! Devant la surprise de l’animateur radio, elle a expliqué que le matériel militaire de nos troupes était tellement ancien et obsolète que les autres armées engagées sur le terrain, s’ils appréciaient les qualités des soldats français, se gaussaient de la désuétude de leurs équipements… Cela confirme les propos de mon ami breton parti ces jours derniers au Kosovo pour une mission de plusieurs mois et qui m’expliquait que la plupart des hélicoptères militaires français risquaient de ne plus avoir, en 2009, l’agrément européen pour voler, et cela pour les mêmes raisons évoquées précédemment.

 

Décidément, la République n’a pas retenu la leçon de 1940 ! « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », disait Paul Reynaud à la veille de la débâcle : ce genre de rodomontades qui, aujourd’hui, se déclineraient plutôt sur le mode « … parce que nous sommes les plus justes » ou « les plus humanistes », nous ont jadis coûté cher et cela risque de se reproduire, au détriment de nos hommes et de notre honneur, voire de notre liberté. Lors d’une soirée « Camelots du Roi » organisée il y a quelques jours à Versailles, le doyen des Camelots, Guy Steinbach (90 ans), rappelait comment son régiment de chars avait essayé en vain d’arrêter les panzers de Guderian en mai 40, faute d’un matériel moderne et adapté aux conditions nouvelles de la guerre… (La revanche ne viendra que 4 ans plus tard, mais grâce au matériel états-unien…). Devons-nous attendre le pire pour réagir ? Je radote sans doute en reprenant régulièrement cette antienne « Armons, armons, armons » et je comprends mieux la phrase du général de Gaulle sur Maurras : « il a eu tellement raison qu’il en est devenu fou ». Prêcher dans le désert face à l’inertie et au cynisme de cette République qui, comme à chaque fois, n’aura aucun scrupule à utiliser les soldats français comme de la chair à canon pour mieux, ensuite, gâcher la paix, quelle folie ! Voir sous nos yeux les dangers se préciser et constater l’aveuglement de notre démocratie est désespérant…

 

De plus, l’autre question qui se pose est celle de notre diplomatie et de ce que nous voulons pour notre pays : indépendance ou suivisme ? Le tournant atlantiste dénoncé par l’ancien ministre mitterrandien Roland Dumas et les gaullistes historiques est une réalité qui nous ramène à la triste situation de notre pays sous la IVème République et nous fait perdre tout le bénéfice du « grand refus » de 2003, celui-là même qui nous avait rendu une certaine fierté et, surtout, une vraie place sur la scène diplomatique internationale.

 

D’autre part, il devient ridicule de se réfugier toujours, comme le fait l’actuel président, derrière les décisions de l’Union européenne : la dernière occasion vient d’en être donnée avec l’affaire du boycottage possible de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin. M. Sarkozy a annoncé qu’il attendait de savoir ce qu’en pensaient les 26 partenaires européens de la France avant de prendre une décision : belle hypocrisie (une de plus !) quand on sait que la plupart des pays de l’UE ont déjà confirmé leur présence à cette cérémonie sans même attendre que l’UE se soit vraiment posée la question !

 

Décidément, l’actuelle République me donne de pressantes raisons supplémentaires pour ne pas vanter ses mérites et pour rester, incorrigible chouan, partisan d’une Monarchie qui inscrive la mémoire nationale et l’intérêt commun (dont le plus important est celui de garantir la liberté de notre pays, première des libertés publiques) dans les institutions et la pratique politique et diplomatique.

 

31/03/2008

L'Action Française, résumé du numéro 2744, du 20 mars au 2 avril 2008.

Il y a un siècle, au détour d’une rue de Paris, l’écrivain Maurice Barrès, s’étonna de lire une affiche de promotion pour un nouveau journal quotidien, intitulé « L’Action Française » : il haussa les épaules, persuadé que ce titre ne passerait pas l’année, celle de 1908. Pourtant, en ce mois de mars 2008, si Barrès est presque oublié (sans doute de façon injuste, d’ailleurs), le titre dont il se gaussait existe encore : le journal, désormais bimensuel, a d’ailleurs profité de cet anniversaire hautement symbolique pour afficher en couverture une fleur de lys dessinée spécialement par le peintre Georges Matthieu auquel il est d’ailleurs rendu hommage quelques pages plus loin. En tout cas, un siècle après sa naissance, le journal monarchiste est toujours fidèle à sa ligne de défense de la nation française, comme le prouvent à l’envi ses pages et, en particulier, celle dédiée à « la politique » et dans laquelle Charles Moussay dénonce « le parti de l’étranger, nouvelle manière » en des termes qui rappellent que l’AF cultive la longue mémoire française sans céder aux sirènes de la facilité dialectique ou de la mode, qu’elle soit « européiste » ou « communautariste » : « Pour nous, qui connaissons la politique parce que nous connaissons l’histoire, c’est un étonnement et un chagrin permanents que de voir notre pays non seulement travaillé de l’intérieur par des puissances étrangères aux multiples figures, qu’ont décryptées Maurras puis De Gaulle, mais si bien trompé par ces machinations qu’il en perdit souvent jusqu’à la conscience de ses traditions propres, de ses principes propres, de ses intérêts propres. » Et de rappeler les formes et les commanditaires anciens de ces pratiques qui ont tant coûté à notre pays durant l’histoire, que cela soit l’Angleterre médiévale, l’Espagne de Philippe II ou, plus proche de nous, les Etats-Unis ou de « l’Europe » idéologique… « Une chose est neuve pourtant : depuis une année, non seulement le parti de l’étranger est partout parmi les classes possédantes (conséquemment parmi les faiseurs d’opinion, conséquemment dans les partis et finalement l’Etat) mais, plus grave encore, la tête de l’Etat n’appartient pas simplement au parti de l’étranger : elle est tout simplement étrangère à la France. » Face à cette situation inédite, Charles Moussay regrette, à juste titre, la division et la marginalisation du parti de l’indépendance nationale qui semble n’avoir plus ni voix ni homme pour l’incarner, et souligne l’importance d’avoir un journal pour défendre cette cause aujourd’hui malmenée par ce que Pierre Boutang aurait sûrement appelé « le semble-Etat ». Philippe Champion répond d’une certaine manière aux inquiétudes de Moussay par un bel entretien qu’il accorde au journal dont il est désormais le directeur depuis le décès de Pierre Pujo, en évoquant la situation actuelle et les projets de l’AF, presse comme mouvement. Et il en appelle à la mobilisation des lecteurs, anciens comme nouveaux : « A la suite des quelques modifications formelles du journal et du renouvellement des rédacteurs, les retombées sont favorables, mais il faut que cela se traduise par un surcroît d’abonnements et d’achats au numéro. Le seul moyen de prolonger le journal est de renouveler son lectorat, particulièrement en le rajeunissant, et pour cela, rejoindre, dans la fidélité à nos principes des préoccupations différentes de celles des gens de mon âge. (…) Je ne suis pas un taxidermiste. Notre propos est de tirer tous les enseignements possibles de notre école de pensée pour apporter des réponses à des situations inédites. (…) J’appelle tous nos amis à jeter toute leur énergie pour refaire de L’AF le journal qu’elle mérite d’être. » Un appel qu’il est bon et nécessaire d’entendre. Déjà, des groupes de vendeurs de l’AF, dans la tradition des Camelots du Roi, proposent le journal aux portes des principales gares parisiennes avec un certain succès… Pour conquérir de nouvelles énergies et intelligences dans notre pays, Arnaud Naudin propose une voie : « il faut « royaliser » les abstentionnistes » ! Dans un article précis et fort juste, il décrypte ce que les grands médias ont, la plupart du temps, négligé de souligner : « En premier lieu, la vigueur de l’extrême gauche et plus particulièrement de la LCR qui réalise des scores non négligeables. Un vague retour de Mai 68 ? Ou nouvel aspect du vote protestataire ? Plus important, le score de l’abstention. Les élections municipales n’ont attiré que 60 % des électeurs. A comparer avec les 83 % de participation à la dernière élection présidentielle. Electeurs patriotes du FN déçus, défenseurs des valeurs traditionnelles, hostiles au style bling-bling, Français ne voyant aucun intérêt à la mascarade républicaine, tous doivent être le terreau de recrutement et de propagande des militants d’Action française. Et auparavant, montrer que l’abstention n’est pas indifférence à la chose publique, mais une mesure de salut nécessaire contre un régime qui ne vit que des votants. » En somme, un véritable vivier de futurs royalistes qu’il faut convaincre d’agir pour changer les choses dans le bon sens ! Pour convaincre, encore faut-il analyser les situations, proposer des pistes de réflexion et approcher des alliés potentiels : de nombreux articles de ce numéro répondent à ces critères éminemment politiques, comme, par exemple, celui sur « la politique industrielle » écrit par Nicolas Vey, qu’il faut lire, relire et faire connaître. Après une analyse claire des problèmes industriels de notre pays et des stratégies mises en place par l’actuelle République, il rappelle les conditions d’un réveil de l’industrie nationale : « conduire une véritable politique industrielle exigerait de sortir des cadres définis par le libéralisme actuel. La première des choses est de refuser la marche forcée vers la « globalisation », qui n’a rien d’une fatalité mais est le fruit des vagues successives de déréglementation voulues par la plupart des gouvernements depuis les années soixante-dix. Il s’agit ainsi de rejeter la nouvelle division internationale du travail que l’on nous propose. Cette organisation du monde fait des pays émergents et de la Chine en particulier le grand atelier de la planète, fabriquant à bas coût les innombrables produits de consommation dont se gavent les pays riches. Pays riches qui le sont de moins en moins à force de cumuler les déficits commerciaux – 39 milliards d’euros pour la France en 2007 -, mais qui se rassurent en écoutant les lieux communs à la mode sur « l’économie de la connaissance ». (…) L’enjeu est donc de se donner les moyens de mettre en œuvre un néo-protectionnisme qu’il serait absurde de vouloir systématique, mais qui doit permettre de protéger, selon les circonstances, différents secteurs de l’économie française, qu’ils soient fragiles, innovants, ou de nature stratégique. (…) Enfin, un progrès considérable devra être effectué dans le domaine de la recherche et du développement grâce notamment à une meilleure articulation entre secteurs public et privé. Tout ceci demande cohérence et vision à long terme, deux choses bien difficiles à concevoir pour l’homme de coups médiatiques qu’est Nicolas Sarkozy. » L’industrie n’est qu’un moyen de notre politique et la diplomatie en est un autre, que les capétiens ont développé avec « mesure et prescience ». Si Bainville a su retrouver la veine capétienne dans la première partie du XXe siècle, c’est sans nul doute l’un de ses fils spirituels, l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui a pris le relais, ce que n’oublie pas de signaler François Roberday, à la suite de Pierre Pujo, par un article titré « C’est Védrine qu’il nous faut ! ». Il est vrai que son ouvrage récent, « Continuer l’histoire », conforte ceux qui ont compris Bainville et s’attachent à la place de la France dans le monde : « En relisant le bref essai de politique étrangère qu’Hubert Védrine a publié au début de l’année 2007 (…) on se dit qu’avec son auteur, la France pourrait bénéficier des services d’un véritable homme d’Etat pour tout ce qui concerne les Affaires étrangères. Et ce ne serait pas un luxe dans l’obscurité des temps où nous sommes. (…) Dans la grande tradition capétienne et, sous certains aspects, gaulliste, ce diplomate d’exception ne se place nulle part ailleurs que du côté des rapports de force et des possibilités concrètes. Indifférent aux modes et aux intérêts du temps, il sait que l’invocation d’une « moralité supérieure » cache souvent des égoïsmes féroces.» Des accents qui résonnent évidemment familièrement à des oreilles habituées aux leçons maurrassiennes de « Kiel et Tanger »… : « Partisan d’un retour à une « conception classique de la politique étrangère », Hubert Védrine voit des possibilités de manœuvrer et de grandir entre les empires pour une « nation moyenne » comme la France. Il observe que l’Angleterre et l’Allemagne ne s’en privent pas et se demande pourquoi nous devrions le faire au nom de l’Europe. Persuadé que la France a pour vocation d’être un « pays occidental fidèle à ses alliés dans les crises graves mais autonome et libre de ses mouvements dans tous les autres cas », il aimerait que son peuple et ses élites renoncent à la fois à leur vision angélique du monde et à leur tentation de se laisser netraîner dans « une politique américaine de « bloc » occidental. » » Ces articles d’actualité sont utilement complétés par des réflexions politiques sur notre histoire et ses leçons, en particulier celles signées par le rédacteur en chef Michel Fromentoux qui, depuis presque quarante ans, ordonnent les colonnes du journal et met les plumes en ordre de bataille. Ainsi, voici, dans la rubrique « cette année-là », l’heureuse date de 1638, celle de la naissance d’un enfant qui allait faire briller la Monarchie française au firmament, Louis-Dieudonné, plus connu sous son nom de règne : Louis XIV. Dans ce même numéro, Michel Fromentoux rend un bel hommage au dernier poilu français, Lazare Ponticelli, véritable modèle pour ceux qui n’oublient que, pour vivre, une nation doit savoir se défendre. C’est aussi une double page consacrée au dernier livre de Xavier Martin (Régénérer l’espèce humaine – Utopie médicale et Lumières, 1750-1850.) que signe le rédacteur en chef sous le titre « De la « Révolution guillotinière » à la philanthropie eugéniste » et qui montre combien les idées issues des Lumières ont entraîné une véritable « chosification » des êtres humains, sous le couvert de médecine et de progrès, et qu’elles sont à la base d’une attitude en définitive « épuratrice », voire exterminatrice des difformes ou des « impurs », y compris idéologiques… : « Rien n’est innocent dans le langage : assimiler la nation à un organisme revient évidemment à parler de ses imperfections comme de maladies qu’il faut neutraliser, voire extraire, afin de ragaillardir le corps, de le « régénérer. Là est le maître-mot de la décennie [révolutionnaire]. (…) Qui dit régénération ne sous-entend évidemment pas médecine douce. Mais la Révolution alla plus loin : c’est « ontologiquement » qu’elle se fit « guillotinière », selon l’expression du conventionnel (et médecin !) Baudot, lequel se déclarait prêt à faire guillotiner le quart de la population alsacienne, dont un bon contingent de juifs…  ». L’évocation du docteur Cabanis (1757-1808) attaché à la « perfectibilité de l’homme » : « L’hygiène et l’éveil des sens, autant que l’éducation et les techniques de manipulation, fêtes civiques et uniformes, devaient rapprocher toujours plus l’homme d’un « type parfait ». Mais cet homme était appelé à s’épanouir au sein de masses, de collections, d’agglomérats donc d’abstractions, seules pouvant exister dans un monde qui condamnait les communautés naturelles comme non naturelles. (…) Vouloir créer un type parfait d’homme (les « hommes supérieurs » rêvés par Helvétius) et en même temps ne parler que d’hommes en troupeaux, cela peut sembler contradictoire. La solution de Cabanis est éclairante sur les futures réformes de l’enseignement en France jusqu’à nos jours. Il s’agissait en fait, explique M. Martin, d’un « parfait type moyen » réunissant en lui la meilleure « intelligibilité » (savoir en somme exceller dans la moyenne, se comporter, selon Cabanis, « de manière optimale » dans la moyenne…) et la meilleure « gouvernabilité », autrement dit la docilité. Il était bien entendu qu’il n’y aurait nulle place pour la fantaisie dans cet univers de remodelage, tout juste bon pour des « robots supérieurement téléguidables » - les hommes aujourd’hui sans visage de la « pensée unique »… Ce que les utopistes de la Révolution et du Consulat n’ont pas su créer parce qu’ils finirent par faire peur, les idéologues de notre temps, capables de la manière soft, ne sont-ils pas en train de le réaliser ? » Un article passionnant qui donne envie d’en savoir plus long et de se précipiter sur ce livre de Xavier Martin. En feuilletant ce journal au titre désormais centenaire, de nombreux autres articles retiennent l’attention et montrent combien l’AF reste une école politique tout à la fois de raison (et de « raisons »…) et de passion, celle pour la France qui jamais ne doit s’éteindre au risque d’entrer dans le monde glacé des apparences et des hypocrisies. Barrès peut bien hausser les épaules mais, s’il revenait, il constaterait que la fidélité des monarchistes pour la France reste l’une de ses dernières chances « d’être et de durer »…