11/02/2008
De Buren aux Tuileries...
L’artiste Buren se plaignait il y a quelques semaines du mauvais état des colonnes qui portent son nom et menaçait de les détruire au cas elles ne seraient pas restaurées par l’Etat, arguant d’une sorte d’ « urgence artistique » qui, en définitive, coûtera aux contribuables français 14 millions d’euros, alors que de nombreux chantiers de restauration et de protection de notre patrimoine, monumental ou artistique, religieux ou profane, sont en souffrance faute de crédits suffisants…
Au risque de choquer, je ne suis pas favorable à ce que la France devienne un musée ou une simple exposition d’art à ciel ouvert, et le sort des colonnes de Buren ne m’émeut guère : après tout, pourquoi ne pas considérer qu’elles auraient pu être démontées et vendues à tel ou tel riche magnat féru d’art contemporain, ou qu’elles auraient peut-être gagnées, tout compte fait, à se patiner avec les années, à subir les outrages du temps pour devenir de nouvelles ruines romantiques au cœur de Paris ? Tout comme je ne suis pas favorable à ce projet que la revue monarchiste « Politique Magazine » a défendu il y a quelques années, la reconstruction à l’identique des Tuileries. Je trouve cela assez ridicule de vouloir reconstruire ce qui n’est plus et n’a plus de raison d’être, ce qui apparaîtrait comme un décor artificiel à la Disney, sans âme et sans mémoire vive, en somme reconstruction irréelle et déracinée de son histoire. Si l’on veut refaire quelque chose à la place des Tuileries, dans ce cas, que l’on fasse du « neuf », et un grand projet architectural pourrait voir le jour, qui devrait concilier les formes et les matériaux contemporains pour montrer le dynamisme créateur de la France, sa capacité à « construire encore » : nous ne manquons pas d’architectes dans notre pays.
Bien sûr, il faudrait veiller à éviter des projets qui ne seraient que l’expression d’un art trop commercial ou tape-à-l’œil, et qui enlaidirait la capitale. Mais, après tout, pourquoi ne pas risquer ce projet de « nouvelles Tuileries », qui n’aurait rien à voir avec une reconstruction nostalgique que je n’accepte pas, comme dit précédemment ?
Il y a aussi un grand chantier qu’il faudrait enfin lancer à Paris, après tant de tergiversations, celui de la Grande Gare de République, dans les cartons depuis déjà plusieurs années : là aussi, il y a moyen de concilier utilité et art, et de faire de cette gare ferroviaire un nouveau monument vivant de la France que nous envieraient les nations du monde entier…
Encore nous faudrait-il un Etat capable de lancer et promouvoir ces grands projets, et non une caricature, ce « semble-Etat », selon l’heureuse expression du philosophe royaliste Pierre Boutang, qui nous gouverne ou, plutôt, nous administre aujourd’hui. Vivement un nouveau régime, cette Nouvelle Monarchie capable d’audace et de fonder l’avenir, de s’élancer vers celui-ci sans rechigner, de bâtir pour les générations futures…
12:35 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Tuileries, Buren, art, gare, Paris, grands projets.
10/02/2008
Travailler plus, dans l'enseignement.
« Travailler plus pour gagner plus » semble être un beau slogan, alléchant dans son principe mais ce n’est, en définitive, qu’un effet d’annonce et un leurre, en particulier en ce qui concerne l’enseignement. D’ailleurs, « les caisses sont vides », ne cesse-t-on de nous dire pour expliquer la suppression de nombreux postes d’enseignants, y compris dans le lycée où j’exerce ce qui reste, pour moi, le plus beau métier du monde.
Même des projets importants préparés par des collègues volontaires sont parfois abandonnés, faute d’autorisation mais surtout de crédits, y compris celui d’une « classe européenne » à l’heure où l’on nous serine sur tous les tons l’importance des langues et « l’ouverture » sur les autres pays du continent… Le Ministère n’est pas à une contradiction près. Quant aux classes qui comptaient, pour certaines d’entre elles, un nombre moins lourd d’élèves à des heures spécifiques (et n’est-ce pas ce qui permet un meilleur apprentissage des langues, en permettant aux élèves de parler plus fréquemment durant l’heure de cours ?), les voilà toutes remplies au maximum, à cause de la suppression de nombreuses heures allouées au lycée dans la fameuse « dotation globale horaire » de cette année.
Personnellement, je ne suis pas hostile au fait de « travailler plus » et, par exemple, de faire du « soutien scolaire » à quelques élèves en difficulté ou des « cours libres » sur l’histoire des institutions, de préparer des entraînements aux concours, etc. Encore faudrait-il que cela soit dans des conditions favorables et que l’on permette, d’abord, de le faire, tout simplement : il y a de multiples projets qui pourraient voir le jour dans les lycées de France s’il y avait moins de contraintes administratives et plus de soutien (ne serait-ce que moral…) de la part des rectorats et des inspections académiques… Or, visiblement, nous ne sommes pas dans cet état d’esprit-là, à mon grand regret.
Puisque c’est l’argent qui semble poser problème, pourquoi ne pas permettre aux établissements scolaires, en plus des crédits normalement alloués par l’Etat, de lever des fonds en faisant appel aux initiatives privées mais aussi communales, par exemple ? Le plurifinancement des lycées et des collèges, mais aussi des universités, me paraît le meilleur moyen (financier) de maintenir une qualité satisfaisante des enseignements dispensés. Je ne verrai rien de choquant à ce qu’une entreprise de BTP participe au paiement d’heures de soutien scolaire ou qu’un office de tourisme subventionne une activité de « découverte du patrimoine » (et des cours d’histoire-géographie, ce qui est assez logique), en plus, bien sûr, des cours obligatoires toujours payés par l’Etat ou les Pouvoirs publics.
Ce qui est certain, c’est qu’il faut, par contre, refuser une simple logique comptable ou « de rentabilité » qui oublierait les rôles traditionnels de transmission des savoirs et connaissances et d’épanouissement des intelligences en sacrifiant la qualité à la quantité…
12:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : enseignement, financement, travailler plus.
05/02/2008
L'échec des nonistes.
La révision constitutionnelle devant permettre la ratification du traité européen de Lisbonne a eu lieu lundi 4 février dans une grande indifférence à peine troublée par les quelques opposants « nonistes », principalement de gauche altermondialiste. Ainsi, il n’y aura pas de répétition de mai 2005, de cette « insurrection électorale » qui avait tant effrayé le « pays légal » et les européistes. D’ailleurs elle n’avait pas eu de suites politiques, incapable de s’incarner dans un grand projet français et européen, ou dans un courant politique structuré : une simple émeute des urnes qui ne cassait que la vitrine euroconstitutionnelle sans penser à s’en prendre aux vraies causes du malaise citoyen face à la construction européenne et à refonder une politique digne de ce nom. Un coup d’épée dans l’eau qui a autorisé le « pays légal » à discréditer le référendum pour longtemps et à ne penser la démocratie qu’à travers le prisme des institutions représentatives et du « politiquement correct ».
Je suis en colère parce que la responsabilité de ceux qui se targuaient de défendre la souveraineté française face aux projets européistes de dépossession des nations d’elles-mêmes est lourde dans ce gâchis : impossible de mettre leurs querelles intestines de côté et d’oublier leurs petits intérêts électoralistes… Doit-on évoquer les ambitions politiciennes de certain d’entre eux qui se sont achevées dans le reniement et le ralliement à l’actuel président, en échange de quelques misérables prébendes électorales ? Où est, alors, l’intérêt français ?
Il a manqué, durant ces années, la plume et la puissance de réflexion et de conviction d’un Maurras ou d’un Bernanos, mais surtout un mouvement capable de mener une stratégie d’offensive intellectuelle et politique sur le terrain, de s’engager dans une action fondatrice indépendantiste sans être isolationniste pour notre pays et ses alliés. Ce ne sont pas forcément les bonnes volontés qui ont manqué mais bien plutôt une conscience politique et une ligne doctrinale capable de penser la question institutionnelle et celle, non moins importante, diplomatique. Il a aussi manqué les moyens humains, techniques et financiers pour faire connaître les positions et propositions indépendantistes, mais ce n’était pas le plus grave.
En tout cas, les républicains de droite ou de gauche qui accordent grande importance à la sauvegarde de la nation comme condition de la justice sociale ou de la présence au monde devraient désormais cesser de croire que le salut vient ou viendra de la République qui, de façon éminemment symbolique, ornera son prochain timbre officiel des étoiles de l’Union européenne : comme un dernier pied de nez à ceux qui pensaient qu’elle se confondait avec la France libre !
23:51 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Europe, nonistes, souveraineté, France.